Des plaquettes pour le directeur de l’ONF
Drapeaux aux couleurs du SNUPFEN (syndicat national unifié des personnels des forêts et de l’espace naturel) à la main, une quarantaine d’agents alsaciens de l’Office national des forêts ont manifesté hier matin à Strasbourg, sous les fenêtres de la direction territoriale de l’office. Ils ont déposé symboliquement des plaquettes forestières devant le bureau de Jean-Luc Dunoyer, directeur territorial pour l’Alsace, pour dénoncer le mode de gestion des forêts qui leur est imposé. Et ce au moment où, à Paris, les administrateurs de l’ONF entamaient l’examen du budget 2010 de l’office.
« Nous avons été formés pour faire de la gestion durable or on nous demande de faire du court terme pour équilibrer le bilan annuel », explique un manifestant. Résultat : « La pression sur les prélèvements devient difficile à gérer ». Les forestiers comptent en appeler aux élus pour qu’ils se « saisissent du problème » et qu’ils « reprennent les choses en main ».
O.W. D N A Édition du Ven 5 mars 2010
Les forestiers font de la résistance
Réunis au Mont Sainte-Odile, quelque 80 forestiers ont dénoncé hier la
dégradation des conditions de travail à l’Office national des forêts.
Ils ont appelé leurs collègues à refuser les surcharges de travail
consécutives à des suppressions de postes.
Le sentier des merveilles compte désormais une sculpture de plus. Un
poing fermé, dressé vers le ciel, qui trône à proximité du mur païen, à
quelques pas des statues représentant les animaux du massif vosgien.
L’objet a été déposé là solennellement hier matin par la petite centaine
de forestiers alsaciens qui avait répondu à l’appel du Syndicat
national unifié des personnels des forêts et de l’espace naturel
(SNUPFEN-Solidaires) de la région Alsace.
Non aux surchargesde travail
Ils entendaient ainsi dénoncer la dégradation des conditions de travail
à l’ONF depuis 2002, date de la « réorganisation générale de
l’établissement, basée sur la réduction des effectifs et la recherche du
profit maximal », a rappelé le secrétaire régional Jean-Marie Rellé.
Des actions dans ce sens étaient d’ailleurs organisées un peu partout
en France hier, au moment où le comité d’hygiène et de sécurité de la
direction territoriale du Sud-Ouest, à Toulouse, était appelé à se
prononcer « sur l’imputabilité au service du dernier suicide d’un
collègue ».
Depuis 2002, souligne M. Rellé, « le taux de suicide des chefs de
districts forestiers a été multiplié par dix » et « les maladies liées
au stress explosent ». C’est la conséquence, estime-t-il, de « la
pression énorme qui pèse sur les forestiers pour faire un maximum de
profit » aux dépens « des missions de service public », et de
l’alourdissement de la charge de travail « qui a progressé de 30 % » en
six ans.
Pour les forestiers, il n’est pas question d’aller au delà. La journée
d’hier avait d’ailleurs également pour but « d’appeler à la
résistance », de « resserrer les rangs et de mettre sur pied des
collectifs de lutte pour qu’en Alsace, plus aucun forestier ne soit
contraint de subir de nouvelle surcharge de travail à cause d’une
réduction d’effectifs ». Car, indique M. Rellé, d’autres semblent
s’annoncer. Exemple : « La forêt du mont Sainte-Odile va perdre son
forestier. Il va partir à la retraite et ne sera pas remplacé », ce qui
occasionnera du travail en plus pour les chefs de triages voisins,
appelés à se partager son territoire.
Courrier aux élus
Parce qu’ils ont le sentiment de ne pas être entendus par le directeur
général de l’ONF (le SNUPFEN a même déposé contre lui une plainte
nominative pour non-respect de la loi et mise en danger de la vie
d’autrui), les forestiers ont décidé hier d’envoyer un courrier à tous
les élus de la région, pour les sensibiliser à leur situation et leur
exposer leurs revendications. Ils réclament une enquête approfondie et
indépendante sur le malaise à l’ONF, le maintien de l’emploi à 6 775
équivalents temps plein, l’abandon de l’individualisation des carrières,
l’arrêt des primes au mérite et des suppressions de site, un moratoire
sur les fusions d’agences ainsi que la renégociation du fonctionnement
de l’ONF avec les partenaires sociaux.
Odile Weiss
Édition du Mer 23 jan. 2008