L’utilisation de plus en plus fréquente d’entreprise forestière et la mise à mal des valeurs du code forestier
Pourquoi utiliser des entreprises forestières ?
Les communes préfèrent vendre leurs bois sur pied à des marchands de bois qui font couper leurs arbres par des entreprises étrangères. Celles-ci emploient des salariés des pays de l’Est qui n’ont que très peu de couverture sociale, pas de formations et ne respectent pas la convention collective régionale et travaillent pour le SMIC voire moins. Comme en forêt, on est très peu contrôlable, les chantiers sont courts et vraiment éloignés dans la montagne. Il y a très peu de personnes qui peuvent venir contrôler. Ainsi dans ces entreprises, chacun fait ce qu’il veut et les communes ne sont pas forcément gagnantes… !
Les communes se tournent actuellement vers ce type d’entreprises car elles vendent leurs bois quelques euros en plus, du cours habituelle du marché du bois, c’est plus rentable d’avoir des salariés qui sont très peu payés. Personnellement je vois mal d’ici quelques années, quand ces salariés auront des problèmes de santé, que vont-ils faire ? S’ils sont licenciés, ils vont se retrouver en tant que chômeurs à la charge de la société. Actuellement il y a encore une suite, un suivi pour un bûcheron qui a des incapacités, il peut quelquefois se reclasser au sein de la commune ou d’une autre institution, (ce qui devient de plus en plus rare on ne veut plus reclasser les bûcherons), tandis que dans les entreprises, ils sont carrément licenciés. Ou bien si ce sont des travailleurs étrangers qui se débrouillent, personne ne s’en occupe. Le problème très grave car pour moi on ne respecte plus la législation c’est aussi l’Europe…
Maintenant avec l’importation de bois des pays de l’Est, ou l’exploitation est anarchique, les salariés coûtent peu, les bois viennent terminés, rabotés, prêts à l’emploi des pays de l’Est à des prix extrêmement bas. De plus le transport ne coûte pas cher. Chez nous on se retrouve avec du bois d’ oeuvre sur le marché qui est trop cher.
L’avis de l’ONF sur la situation
C’est pour l’O.N.F. (Office National des Forêt) un moyen de se décharger. Les agents ont donc moins de travail.
Lorsqu’ils prennent une entreprise, ils fixent un devis et ils n’ont pas à s’occuper de la main d’ oeuvre. Ils ont juste un travail comptable à faire et l’institution sur ce travail perçoit un certain pourcentage. Tandis que pour nous salariés, ils ont peu de pourcentage et besoin de beaucoup plus de main d’ oeuvres pour nous encadrer, et aussi faire nos salaires qui ont été rendus extrêmement compliqué à calculer ces dernières année. L’encadrement est obligé de gérer tous ces salariés ce qui demande beaucoup de disponibilité. Il faut se déplacer sur les chantiers. Cependant, le travail est différent, il est mieux fait. Nous posons des questions à l’encadrement tandis qu’une entreprise vient sur le chantier. Celle-ci a un certain travail à faire et après c’est terminée, les salariés ont souvent peu de formation, c’est les chefs d’entreprise qui sont aptes à faire la formation de leurs salariés mais le plus souvent ils ne sont pas présents sur les chantiers et possèdent peu d’expérience du métier. L institution va juste contrôler une fois sur le chantier point final. Tandis que pour nous, chaque jour l’encadrement est censé nous voir et il y a un échange. Nous pouvons poser des questions et l’encadrement peut nous donner différentes façons de procéder. C’est pour cela qu’actuellement l’encadrement privilégie les entreprises dans le sens où il y a moins de travail. Ils ont plus à gagner, mais de mon point de vue, côté forêt c’est déplorable car actuellement le milieu naturel se dégrade de plus en plus.
La différence entre une entreprise forestière et un bûcheron
Nous cherchons essentiellement à avoir des bois de qualité depuis la pépinière jusqu’à la scierie. Certaines personnes voudraient suivre le marché du bois pour replanter leurs forêts, c’est aller contre la nature car il faut tenir compte de l’altitude, l’exposition, la nature du sol, et la qualité des arbres qui existaient auparavant ainsi que le changement climatique. Tandis que certaines entreprises viennent avec des plants qui ont été fabriqués, dans de très grandes pépinières du Nord, Norvège ou autre pays scandinave qui arrivent ici en camion. Ces plants sont mis un peu n’importe comment, sans tenir compte du changement de milieu et du sol. Après quelques dégagements, ils n’en restent presque plus, et la forêt devient de la végétation à l’état naturel (broussailles).
J’espère que cela ne continuera pas comme cela, que les communes ne vont pas l’accepter. Car il n’y aura plus de futaie comme on voit actuellement et la forêt deviendra vraiment de la jungle, des broussailles, donc très peu d’arbres à exploiter pour l’avenir. Certaines entreprises s’en fichent un peu, elles font du bon travail au bord des chemins, mais à l’intérieur dans la forêt, ce n’est souvent pas fait de la même façon.
Il y a des contrôles, mais si la personne est favorable à la régénération intégrale (sans entretien) et qu’elle ne désire pas avoir une belle futaie alors on se retrouve avec de la broussaille en forêt. Celle-ci ne rapportera jamais rien, que du bois de feu et encore de mauvaise qualité. Cela ne respecte pas le code forestier qui est actuellement bien mis à mal. Le code forestier dit qu’il faut valoriser la forêt et utiliser la main d’ oeuvre locale mais ceci n’est plus trop pris en compte actuellement.
Aujourd’hui on ne voudrait qu’encaisser et couper les beaux bois mais ne plus remplacer cette forêt afin qu’elle redonne une belle futaie. Après on ne s’en occupe plus, et les communes investissent vraiment le minimum où attendent les subventions. Il existe des endroits où cela marche, il y a de la régénération naturelle, mais cela est loin de fonctionner partout. Le maire propriétaire forestier, visite rarement les chantiers et leurs forêts, ceux-ci on peut ou pas de contact avec leurs bûcherons permanents et c’est vraiment dommage.
Pages suivantes
- L’ancien métier de bûcheron et celui d’aujourd’hui
- L’évolution du temps de travail et de la méthode de salaire
- Le regroupement des communes en SIVU
- Les organismes de défense du bûcheron et leurs actions
- L’utilisation de plus en plus fréquente d’entreprise forestière et la mise à mal des valeurs du code forestier